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21 novembre 2016 1 21 /11 /novembre /2016 05:05

Il est grand temps de vous dire un mot ou deux concernant le livre d'Yves avant qu'il ne soit épuisé...

                                   Yves BARRÉ : Rue des courtils (Atelier de Groutel) :

Numéro 33 de la collection « Choisi », ce portfolio a beaucoup d'allure... Malgré deux ou trois coquilles superfétatoires, quasi inévitables, les soins apportés par le maître-imprimeur Jacques Renou pour aider à l'accouchement n'y sont sans doute pas pour rien.

Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, redisons que l'ami Yves est un amoureux des mots, qu'il en connaît l'épaisseur et la résonance, sans parler de leur charge poétique potentielle. Éminent tomatologue, il salive à l'avance, rien qu'en murmurant leur nom de baptême : « Cerise noire ». Ou bien il nous emmène en voyage historico-géographique avec la « 1884 ».

Ne nous y trompons pas cependant, son jardin n'est pas celui de Trénet : s'il est lui aussi « extraordinaire », il n'en reste pas moins terriblement réaliste. Foin de bisounours dans le potager barréien ! Les taupes y creusent leurs galeries, ruinant les promesses de récolte, la grive chipe les graines, le petit pois sort du rang... Ajoutons que, dans les environs immédiats du courtil, se trament des drames atroces : page 10, la chatte de la maison se croque un troglodyte; page 17, un épervier, merle entre les pattes, fonce vers son fatal destin et se scratche sur la vitre...

Ce qui ne l'empêche pas de décoller parfois, pour voguer en absurdie, comme dans ce Jardin en mai // C'est le moment de récolter vos spaghettis. Dès la planche libérée, procédez à un griffage superficiel, puis plantez des tomates. Au sud de la Loire, vous pourrez encore semer quelques graines de parmesan d'une variété hâtive. // Ou cette Pastille à l'argousier // Je me demande quelle couleur aurait le bonbon à sucer suisse si on n'y avait pas ajouté le paprika. //

En bonus, vous aurez droit à l'après-lire de Louis Dubost, « collègue » poète-jardinier, à une linogravure grand format de l'auteur et à un marque-pages en dentelle de l'épouse.

 

Pratique : ouvrage à commander à l'Atelier de Groutel, 25 Groutel 72610 Champfleur (21 euros, port compris).

Et si vous ne connaissez pas encore l'oiseau, allez voir par là : http://ahoui.eklablog.com/

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13 novembre 2016 7 13 /11 /novembre /2016 05:06

Denis HEUDRÉ : Bleu naufrage (éditions la sirène étoilée) :

Sous-titré élégie de Lampedusa, ce livre est, au sens fort du terme, bouleversant...

Profondément choqué par la tragédie de ces centaines de migrants venus se noyer en octobre 2013 aux portes de l'Europe, l'auteur exprime son écoeurement devant les images de son poste de télé. Cette multitude de morts devient vite anonyme, juste répertoriée par un numéro peint sur le cercueil. cimetière de Lampedusa / où les citoyens italiens / ont un nom / et les malheureux d'Afrique / un nombre //

Denis Heudré s'attache alors au numéro Quinze, -un cercueil de petite taille, sans doute celui d'un enfant-, appellation qu'il va mettre en avant tout au long de son chant funèbre, à travers ses courts poèmes, parfois comme éclatés sur la page, espérant ainsi lui redonner un semblant d'humanité, en le tirant de l'oubli. C'est que, gavé d'images « sensationnelles », le téléspectateur lambda est vite blasé et veut passer à autre chose. D'autant plus que la ronde des catastrophes n'en finit pas sur le petit écran...

Mais pas question d'oublier Quinze pour Denis Heudré. Quinze jamais arrivé / pourtant là en moi / parfois présence trahie par d'autres pensées // Ni trois mois après : le bleu ne sera plus jamais bleu, ni un an plus tard : 3 octobre 2014 / Le JT titre sur la chaleur / on se baigne à Nice / dans ton eau / plus personne pour penser / à Lampedusa...

*

Faire connaissance avec Denis Heudré, ici : http://denisheudre.free.fr/

1- ivoirtv.net / 2- parismatch.com / 3- babelio.com
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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 05:00

002009890.jpg(image : librairies.fontaines.com)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous connaissez Tardi, bien sûr...

Il vient encore de faire fort, comme on dit, avec ce livre de près de 200 pages qui transpose en bande dessinée les notes prises par son père sur un cahier d'écolier pendant la deuxième guerre mondiale et en captivité en Allemagne.

  Le coup de génie de Tardi, c'est de s'être mis en scène lui-même sous les traits d'un petit garçon, lequel ne cesse d'intervenir dans un dialogue "improbable" avec son père...

  Moi-Ren-Tardi-prisonnier-de-guerre-au-Stalag-IIB-bandeau-78.jpg

(du9.org)

130110_2t2ra_pluson_tardi_moiprisonnier_sn635.jpg

(radio-canada.ca)

jacques-tardi-se-met-en-scene-enfant-il-suit-les-traces-de 

(sudouest.fr)

Malgré la ixième dénonciation des horreurs de la guerre, l'humour (noir) n'est pas en reste...

Pour aller vite, disons que cela se lit comme un roman réaliste, cocasse, cruel parfois, prenant, décapant, émouvant, palpitant au sens fort du terme...

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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 05:07

Voici un livre des éditions Baleine (salut Jean-Jacques !) dont le sous-titre annonce la couleur : Dictionnaire subjectif des mots difficiles et imprononçables de la langue française.

couvdico.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est un dictionnaire extrêmement bien documenté, très sérieux dans ses analyses et commentaires, superbement illustré (à l'ancienne) par Laurent Rivelaygue (que je soupçonne d'être aussi l'auteur...).

Comme me l'écrivait François Rabelais dans un récent mail : "Ignorance est mère de tous les maux." (Il ajoutait en post-scriptum : "Rire est le propre de l'homme.")

Et je vous dis pas ce que me téléphonait un philosophe à la mode pas plus tard qu'hier soir : "Ce bouquin est une somme qui fait passer l'Encyclopédie pour une notice de montage de chez Ikéa... On a envie de l'apprendre par coeur pour briller en société..." (Zut ! je vous l'ai dit...)

Bref, les habitué(e)s de ce blog risquent bien d'aimer Le Von Mopp illustré dont voici une page ou deux :

dico2.jpg

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(Et je ne remets pas à demain mes remerciements aux amis qui ont eu la bonne idée de me l'offrir...)

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29 décembre 2012 6 29 /12 /décembre /2012 05:06

(image gauche : wikipedia, droite : amazon.fr)

      41FRKseWdRL_002.jpg  220px-Joel_Egloff.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Déjà eu l'occasion de vous parler de Joël Egloff sur ce blog, pour de précédents livres (voir la rubrique : un bon livre peut-être ?)...

Cette fois, avec "Libellules", il s'agit de courtes nouvelles, juste le temps de faire connaissance avec de nouveaux personnages "égloffiens", des petits, de ceux qu'on ne remarque pas dans le paysage, qui ont une vie ordinaire pour ne pas dire banale. L'anti-héros par excellence...

Par exemple, cette femme, aperçue par la fenêtre, qui secoue méthodiquement son linge avant de le replier... et de le resecouer. Cet homme qui chronomètre plusieurs fois (pour vérifier !) le temps que met un sablier à s'écouler et qui s'étonne des différences... Ou cet autre "cabossé de la vie" vivant une véritable odyssée le soir de Noël.

Joël Egloff maîtrise l'art de la narration au plus haut point. Il lui suffit de deux ou trois phrases pour nous "emporter". Quelques "incipit(s?)" pour s'en persuader :

"On a beau avoir deux yeux, ils regardent souvent dans la même direction, si bien qu'au lieu de se compléter, ils travaillent en doublon, ce qui est regrettable..." (Au feu, s'il vous plaît)

"N'ai écrit qu'un mot aujourd'hui : mon nom, que j'ai imprimé sur une feuille en jolis caractères..."  (Jour sans)

Et toujours cet humour décalé, cette connivence avec le lecteur, cette formidable tendresse pour "nos frères humains..."

                                                                          Joël Egloff : Libellules (Buchet-Castel)

 

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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 05:07

Les éditions Donner à Voir viennent de publier dans la collection "Petits Carrés" un livre de Francis Krembel intitulé "Claudicants." 

francis.jpg

Béatrice Libert le présente ainsi sur le site de la maison de poésie de Belgique :

"...Claudicants dénonce les tueries des pseudo-progrès technologiques de l'humanité. L'art de la guerre n'est-il pas à son sommet ? Dans ces conditions, écrire / est l'archéologie du possible / et ce n'est déjà pas si mal. Oui, la guerre partout enrage. La dénoncer, ses formes veules de soumission à l'ordre, religieux ou profane, est une urgence. Francis Krembel le sait : sa révolte est salutaire, pour lui, pour nous toutes et tous qui dormons, anesthésiés par le confort. Emboitons-lui le pas."

krembel.jpg

Ce livre est illustré par Marc Alessandri.

Francis m'a d'ailleurs envoyé récemment un dessin bonus (une exclusivité blog biloba !) que vous pouvez voir ici :

claudicantsbonus.jpg


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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 04:04

Aujourd'hui, un livre pour le moins singulier, celui de Claude Held : Récits sporadiques de Laossissètoucom, propos2éditions.

pad30

(propos2editions)

Préparez-vous à recevoir un coup de poing tant ce livre est "dur", cruel, implacable...

Pas de repère géographique ni de balise temporelle pour nous raccrocher... Pas d'individus "nommés" ni de sentiments exprimés... Une logique de guerre et de pouvoir tyrannique comme fil rouge...

Nous sommes "ailleurs", probablement dans le futur, et pourtant, nous n'avons aucun mal à y reconnaître telle ou telle situation d'aujourd'hui dans tel ou tel pays d'Afrique, d'Europe ou d'Asie, à mille lieues d'un minimum de démocratie...

Ce qui nous "tient" dans ces Récits, outre l'écriture volontairement "sèche", neutre, sans effet de style, comme un rapport de police, c'est le ton, terriblement glacé et terriblement efficace dans son inhumanité...

 

Quelques images relatives au mot "sporadiques" :

479093-tanks-armee-syrienne-appercus-ville.jpg



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(infosyrie.fr)

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(lepoint.fr)

enfant-soldat-2-5bc7f-5bce5.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(loeilquisiffle.net)

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11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 04:09

Paul Bedel est un paysan normand, du nord-Cotentin.

Sa vie serait restée "ben ordinaire" si Rémi Mauger, journaliste à France 3 Normandie, n'avait pas eu la merveilleuse idée de lui consacrer un reportage... De fil en aiguille, cela aboutit en 2006 à un film et à un DVD intitulé "Paul dans sa vie" qu'on trouve facilement dans le commerce.

Suite au succès de ces images, la vie de Paul est transformée : des journalistes de Paris viennent l'interviewer et des "touristes" s'arrêtent devant sa maison... Catherine Ecole-Boivin le rencontre à plusieurs reprises pour rédiger ses mémoires, afin d'établir, à partir de notes prises au jour le jour et conservées dans des boîtes à biscuits, une véritable biographie.

Cela deviendra "Paul, dans les pas du père", publié aux éditions Ouest-France.

(image : fnac.com).

Si je vous en recommande la lecture, c'est pour les raisons qu'évoque l'auteure elle-même : "Ce livre est avant tout un grand moment d’amitié, de sagesse et de sérénité, une aventure de terre paysanne, un poème d’amour au son d’un grand courant « le Raz Blanchard ». Paul est vrai, entier comme la crème et le beurre fabriqué avec soin par ses soeurs et lui suivant le modèle de ses aïeux. Authentique, il garde toutefois, au travers d’un regard malicieux, un peu de mystère même si dans ce livre il se dévoile un peu. Comme l’endroit où il cache ses trous à homards, sa vie n’est ni une charade, ni un rébus ni du cinéma."  (Catherine Ecole-Boivin)

C'est aussi pour des raisons plus personnelles, comme l'émouvante vérité du personnage et son humanité, ou encore comme la saveur du patois de la Manche, celui de la Hague en particulier.

C'est enfin parce que j'ai le sentiment un peu confus que mon père a dû connaître une vie bien proche de celle de Paul quand il a démarré comme "commis de ferme", un peu plus bas sur la carte, dans le Cotentin...

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 04:02

(decitre.fr)

  Encore une jolie naissance aux éditions Rue du Monde, celle de l'anthologie Chaque enfant est un poème, parue opportunément au moment du "Printemps des Poètes"...

C'est un beau bouquet de poèmes sur le thème de l'enfance, venus d'un peu partout, rassemblés par Jean-Marie Henry et superbement illustrés par Solenn Larnicol.

 

En voici deux :

LES RITES

 

Je te dis

Bonsoir cerise

Bonsoir pain d'épice

Dors bien mon sapin

A demain laitue

Sois sage écureuil à la crème

Et tu ris

Tu ris de toute ta bouche claire

Et j'entends ton coeur qui bat fort

Comme celui d'un faon qui court

Et tu m'embrasses

Et tu jettes tous les draps

Et tu tires mes tresses

Et tu me dis bonsoir à l'oreille

En trébuchant

Sur tes deux ans

Et ton pyjama

 

Denise JALLAIS


 

          VOCABULAIRE

 

Les mots couraient en tous sens.

Une cloche sonna.

Ils se mirent en rang,

formèrent une phrase.

La récréation avait pris fin.

 

      Jean DYPREAU

 

 

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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 05:01

cdredulibanbarouk2005.jpg(nidish.unblog.fr)

 

Vénus Khoury-Ghata, poète d'origine libanaise qui vient d'obtenir l'équivalent du Goncourt pour la poésie, a récemment publié Où vont les arbres ? aux éditions Mercure de France.

 

Elle en parle ici, dans le cadre de "la librairie francophone" d'Emmanuel Khérad.

 

C'est un livre extrêmement fort, fait de chair et de sang, d'écorces et de feuilles, qui évoque le village d'enfance de l'auteur. La famille, la guerre, la mère, omniprésente, les arbres, compagnons des bons et mauvais jours... Une écriture majuscule...

 

Qu'une phalène déserte la lampe et le soir se transformait en nuit

La mère nous couchait tête-bêche avec des arbres de notre âge

Une odeur de neige et de promiscuité blanchissait le feu

alphabet muet les soubresauts des flammes sur les murs

la jupe de la mère effaçait la suie des fautes et les gesticulations de

l'orme sur notre sommeil

discussion orageuse avec le poêle lorsqu'il nous transformait en bûches

en allumettes

prenant à témoin les voisins

la mère frottait nos visages pour en diluer la couleur

nous achetait des bonbons roses des poissons rouges l'or des cafetières

maigre consolation ses chuchotements blancs sur le duvet du cou

elle se disait partie alors que c'était la route qui marchait



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