Aujourd'hui, des poèmes d'Olivier Cousin, - poète du "chemin de Durcet" cette année -, extraits du livre : "Les riches heures du cycliste ordinaire", paru récemment chez Gros Textes.
SUPER OU ORDINAIRE
Le poète est un cycliste ordinaire
Hors du commun des modèles
Au même titre que le cycliste
est parfois un poète ordinaire
Sur sa selle il est dans l'ordre
presque normal des choses
Ras la casquette des regards condescendants
descendant en flèche
ce pédaleur de mots
qui cherche à coller
aux images roulant derrière
et devant ses paupières
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Régner sur le petit plateau
Un guidon et une selle
son sceptre et son trône
Le roi raidi sur deux roues
balance des axiomes à la chaîne
pour régenter son monde
sur une étendue de quelques kilomètres
Le vélo ça s'oublie parfaitement
Ce qui ne s'oublie pas
c'est la difficulté de mettre
les mots justes
sur les choses simples
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à travers
à force de concentration
j'ai saisi que je ne traverse pas
le paysage et encore moins le monde
Juché sur ma selle je m'interroge
comme les mots me passent par la tête
ne sont-ce pas les rues les routes
les trottoirs les maisons les jardins
les oiseaux les haies les arbres
qui se donnent la peine de me traverser ?
Presque immobile sur ma bécane
je reçois le monde ordinaire
qui veut bien passer à travers moi
(Olivier Cousin)