Tout luit, tout bleuit, tout bruit, Le jour est brûlant comme un fruit Que le soleil fendille et cuit. Chaque petite feuille est chaude Et miroite dans l'air où rôde Comme un parfum de reine-claude. Du soleil comme de l'eau pleut Sur tout le pays jaune et bleu Qui grésille et oscille un peu. Un infini plaisir de vivre S'élance de la forêt ivre, Des blés roses comme du cuivre. Anna de Noailles ********************************************** Le désir triomphal.Recueil : Poème de l'amour (1924) Le désir triomphal, en son commencement, Exige toutes les aisances ; Il ignore le temps, le sort, l'atermoiement ; Il exulte, il chante, il s'avance !
On serait stupéfait et transi de savoir, Aux instants où l'amour débute, Combien seront soudain précaires l'abreuvoir, Le dur pain et la pauvre hutte !
Le cœur éclaterait comme d'un son du cor S'il entrevoyait dans l'espace Tant de honte acceptée humblement, pour qu'un corps Ne nous prive pas de sa grâce.
Anna de Noailles. ******* Bonus +++ : l'ami Yves, "fouineur" d'Internet de première, nous a trouvé "le" poème qui colle pile poil : La boulangerie est énorme ; il entre et sort de larges pains , Couleur de bois blanc des sapins , Et ronds comme des chats qui dorment . Anna de Noailles (extrait du poème La petite ville, in L'ombre des jours.) |