Très fidèles, les perce-neige du "chemin des poètes" sont maintenant bien installés le long des talus. Non seulement ils repoussent à l'endroit où ils ont été plantés, mais ils grossissent et font des petits... Autrement dit, ils se déplacent, ils "voyagent" en quelque sorte, ils arrondissent leur lopin, formant des îles par-ci, par-là, aidés peut-être par la gravitation ou par les petites bêtes, auxiliaires de la biodiversité...
De nombreux poètes ont salué le courage du perce-neige ainsi que le fait qu'il annonce (un peu en avance quand même !) la fin de l'hiver et, donc, le retour du printemps... Deux exemples parmi beaucoup d'autres...
Perce-neige des matinées
Oh, le plaisir de ta venue,
Oh, l'impatience retenue,
contenue, continue
de ton baiser chagrin.
Oh, ta gorge d'espoir bombée
ta présence du ciel tombée,
dérobée, absorbée
par mes voeux souverains.
Perce-neige des matinées
dans la neige des destinées,
fleur aimée condamnée
aux sources de mes mains.
Oh, battements des nuits prochaines
fantôme-roi de mes domaines,
Oh, ma reine en neuvaine
je suis ton pèlerin.
(Louise de Vilmorin, L’alphabet des aveux, 1954)
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Ma pensée est un perce-neige
Ma pensée est un perce-neige
qui pousse et rit malgré le froid
sans souci d'heure ni d'endroit.
Ma pensée est un perce-neige
si son terrain est bien étroit
la feuille morte le protège.
Ma pensée est un perce-neige
qui pousse et rit malgré le froid.
(Charles Cros (1842- 1888),
Le collier des griffes, publication posthume)
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