Aujourd'hui, un livre étonnant :
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Bernard-Pierre VILBOUX : Corpuscules (éditions Recueil ?)
Voici un livre très paradoxal et plutôt singulier : le titre semble annoncer un catalogue de mondes minuscules mais son épaisseur vous laisse pantois : 820 pages ! plus de 3.000 « pensées » ! De quoi remuer les méninges du lecteur !
Vous y trouverez des réflexions philosophiques alternant avec des citations littéraires, des photos en noir et blanc, des constats, des critiques, des piques et des émerveillements… Au fil des jours, l’auteur a noté les grands « évènements » du monde (pandémie, confinement, guerre, etc. ) mais aussi ce qui le touche plus particulièrement, ses lectures, ses voyages, ses rencontres, ses découvertes, ses rêves, ses coups de coeur pour un film, pour un morceau de jazz ou l’ombre d’une femme… Ce qui ne l’empêche pas de pointer les injustices, les lâchetés, l’hypocrisie, tout ce qui peut révolter l’honnête homme du XXI° siècle…
Un peu à la manière de Georges Perros avec ses Papiers collés, on peut dire que Bernard-Pierre pratique une écriture vagabonde de ses réflexions spontanées, tous azimuts, personnelles et universelles à la fois, avec le recul nécessaire pour ne pas se prendre trop au sérieux, glissant même de temps à autre une flèche d’humour noir... En voici un bouquet, « picoré » ici et là à travers une lecture volontiers vagabonde, elle aussi…
- 502 – L’écriture est une fenêtre sur le monde. Prenez-le une bonne fois pour dit et laissez-vous saisir par la douceur du courant d’air.
- 2290 - Certains ont passé leur temps à m’oublier sans même s’en apercevoir.
- 1727 - Julos Beaucarne a perdu la mémoire mais garde toujours sur lui son large pullover aux couleurs arc-en-ciel et un œil espiègle sur les choses de la vie. Qui a assisté à l’un de ses tours de chant ne pourra l’oublier.
- 525 – Nous demeurons le seul animal à nous rendre au bureau.
- 1772 – Par respect, je ne donne jamais de sucre aux chiens d’aveugles.
- 2704 - Une roseraie est une œuvre d’art aux sensations plurielles… formes, couleurs, parfums, méditations et puis cette idée de donner un nom à chaque rose nouvelle, quel enchantement !
- 833 – Le soir, elle aimait qu’on vienne lui lire quelques vers, de la poésie du monde entier, le soir à la veillée, au seuil de ses quatre fois vingt printemps, elle appréciait encore un ou deux passages de Verlaine ou de Perros et n’aurait pas refusé une tartine de Brautigan.
- 2604 – C’est impressionnant le nombre de chasseurs qui, chaque année, ressemblent à ce point à un sanglier et qui se font buter par un camarade de pastis.
- 1705 – Les principaux conseillers du gouvernement sont payés pour aider le gouvernement à conserver le pouvoir.
- 1417 – Il continuait à gratter du papier pour tenir debout et rester vivant. À ce jour aucun signe en retour de l’autre côté de la paroi.