Bon, aujourd'hui, je vous emmène faire un tour dans le car de ramassage scolaire, gâce à l'excellent livre de Simon Martin, "La fille de l'autocar"...
Quelques mots pour vous inviter à le lire :
Simon Martin : La fille de l’autocar, Cheyne, « Poèmes pour grandir ».
Attendez-vous à faire un voyage dans l’espace et dans le temps. Un voyage particulièrement animé car c’est bien le poète qui conduit, mais c’est la fille de l’autocar qui commande l’inextricable jungle des sentiments du narrateur. Si « elle » est présente à l’intérieur du car, l’immense plaine de la Beauce se transforme illico en savane africaine ; à l’inverse, si elle n’est pas là, le paysage traversé devient un désert sans fin. Autre voyage miraculeux : ce livre nous fait remonter le temps… Et pas qu’un peu : nous voilà transportés à l’heure des premières amours, souvent muettes, maladroites, platoniques, secrètes, marquées du sceau de la pureté de l’enfance.
La main de la fille de l’autocar / froisse le bout de son écharpe. // Je contemple ses ongles colorés / ses délicats doigts de rose // Vingt centimètres / les séparent de ma propre main. // Vingt centimètres / impossibles à franchir.//
Remarquable discrétion, pudeur infinie qui ajoute une part de mystère et confère à la fille de l’autocar un statut universel. Est-elle blonde ou brune ? Quelle est la couleur de ses yeux ? Sa classe sociale ? Sa vie en dehors du car ? On ne le sait pas... L’essentiel est sûrement ailleurs.
Anne Laval souligne cette retenue avec ses images abstraites, constituées d’un jeu de taches de couleurs à travers lesquelles on devine la douceur des paysages ainsi que la force des personnages.
Bref, ce petit livre, tiré d’ores et déjà à 3.000 exemplaires pour ce premier tirage, est un rayon de soleil dans la grisaille des jours.
(J-C. T.)