Collectif : Cairns 27 : L'enfant intemporel, éditions de la pointe Sarène.
Cette revue, animée par Patrick Joquel, est sous-titrée : « ...ce funambule entre le moi d'aujourd'hui et le moi d'avant »... Elle rassemble une belle palette de poètes qui évoquent l'enfance en télescopant passé et présent comme Fabienne Villani : …/...Je reste cet enfant dessiné par ma mémoire.../...L'enfant de jadis et l'enfant d'aujourd'hui / Nos mains se rejoignent, nos sourires s'enlacent / On est heureux et on reste heureux / Enveloppés par ce ciel de souvenirs.../...
Une enfance déjà enfuie chez Philippe Blondeau : Dans le couloir vide d'une université / cette annonce émouvante : « Perdu ce matin une peluche beige / format porte-clés – valeur sentimentale. » // Ainsi finit une enfance. // Un moment privilégié, toujours émouvant : celui où l'adulte d'aujourd'hui se souvient qu'il a été enfant hier et qu'il le demeure encore parfois... J'ai dans la tête / un gamin / qui se prend pour un poème / qui gesticule de bas en haut .../... et ce gamin avale mes mots / tels des bonbons acidulés …/... (Lydia Padellec) ; L'enfant qui joue avec quelques cailloux / ramassés sur le chemin …/... L'enfant qui aimerait bien serrer la pince aux Martiens // Il est là qui me tire le bras / qui me prend la main / pour que je mette mes pas / dans les siens // (Salvatore Sanfilippo) ; Dans ma tête, j'ai toujours huit ans... (Alix Lerman Enriquez) ; Je suis toujours la même / petite enfant / la tête dans les étoiles... ((Dalila Khamla) ; Je fais des bulles de salive / je me promène à quatre pattes / en chantonnant des âneries... (Claude Ribouillault).
Notons (avec un peu de fierté) que cette modeste revue accueille pour ce numéro 27, un poème de Paola Pigani, la célèbre romancière, auteure de : « Des orties et des hommes »...
Le voici en son entier :
Sur vos traces je suis allée
à travers les arbres et les herbes folles
un pied chaussé de lichen
l 'autre de lierre
J'ai glissé dans un rêve de fougère
le nez dans l'humus frais
et les empreintes des lièvres
l'enfant que j'étais ne s'est pas relevée
L'enfant que j'étais a rempli sa bouche
de silence vert tendre
l'enfant que j'étais a remonté jusqu'aux joues
un voile de vent et de confiance
À mon réveil vous étiez tous là
filles et garçons
visages de muscaris et boutons d'or
dans le pollen du futur
Après chaque poème, Patrick Joquel propose des pistes d'écriture pour les petits poètes des écoles et à la fin du livre, dans sa rubrique habituelle, « Pour une bibliothèque idéale », il nous donne quelques conseils de lecture d'ouvrages de poésie récemment parus qui lui ont tapé dans l'oeil. Et dans le cœur aussi...
Bonus : vous voulez en savoir plus sur "Cairns" n° 27 ? Allez donc voir ce qu'en dit Morgan Riet, par ici : https://cheminsbattus.wordpress.com/2020/10/08/revue-cairns-n27/