Aujourd'hui, un livre de Tristan Félix : Zinzin de zen, aux éditions Corps Puce (14 euros).
C'est, au sens fort du terme, un livre de trouvailles... Celles que la marée ramène vers le rivage comme une offrande quotidienne, la pochette-surprise de notre enfance.
Cependant, là où le commun des mortels ne verrait que de vulgaires algues, ou bien des galets d'une grande banalité ou encore des coquillages familiers, parfois frangés de vaguelettes d'écume, le poète propose un autre regard, une autre vision, ce qu'il nomme une hébétude.
Avec ces transfigurations décalées, nous plongeons alors résolument dans le fantastique.
Sur la page de droite du livre, l'image, la photographie (d'ailleurs longtemps appelée « instantané »), accompagnée de deux ou trois lignes avec un verbe au présent. De quoi forger de nouveaux proverbes : la savonnette fond de plaisir / malgré son sale boulot.
Sur celle de gauche, un quintil et un verbe le plus souvent au passé simple, un des temps-clés du récit. S'ensuivent des poèmes qui s'apparentent aux contes. Contes brefs évidemment, mais aussi contes glacés, irrémédiables, tragiques parfois, un rien voltairiens. Tu touchas l'origine / un rayon d'acier, qui te fila les chocottes / un truc à la vitesse de la lumière / un tomahawk en pleine tête.
Folle entreprise que celle qui consiste à questionner ces anciennes traces de vie pour en fixer des images revisitées. D'autant plus louable qu'elle oblige à travailler dans l'urgence afin de saisir l'éphémère avant que, comme aurait dit Prévert, la mer efface sur le sable...
Bien entendu, c'est un livre à lire in situ, sur la plage...